investisseur

L’enjeu : l’entreprise peut-elle constituer la tire-lire de l’entrepreneur ? Dans quelle mesure l’outil de production générateur de chiffre d’affaires, de résultats, de revenus pour l’entrepreneur, dirigeant associé opérationnel au sein de la société peut-il être appréhendé également sous la forme d’un revenu différé, d’une épargne susceptible d’être à terme constituée ?

Investisseur : Les résultats bénéficiaires ?

En fonction de la situation économique et financière de l’entreprise, les résultats bénéficiaires générés par l’activité opérationnelle de la société peuvent faire l’objet d’une distribution sous la forme de dividendes. En fonction des investissements à réaliser, des charges à supporter, il est d’usage de considérer que ce résultat bénéficiaire peut être affecté et réparti de la manière suivante :

  • un tiers du bénéfice permet l’acquittement de la charge fiscale liée à l’impôt sur les sociétés,
  • un tiers peut constituer la part distribuable sous le forme de dividendes
  • le dernier tiers peut demeurer au sein de l’entreprise et alimenter les réserves en prévision d’investissements à réaliser dans le futur (renouvellement de l’outil de production, acquisition ou création de sociétés notamment).

Les résultats bénéficiaires non distribués et donc conservés au sein de l’entreprise peuvent participer à une création supplémentaire de richesses et donc à une augmentation de la valeur de l’entreprise. Il peut à terme en résulter une augmentation de la plus-value à réaliser par le dirigeant associé opérationnel en cas de cession des droits sociaux, notamment au moment de la retraite.

L’importance de la valorisation financière pour un investisseur

Lors de la valorisation financière de l’entreprise, les méthodes de comparables transactionnels et boursiers, les méthodes des discounted cash-flows tiendront compte des de l’endettement net de la société constitué par la différence entre les financements bancaires, les comptes courants d’associés au passif du bilan, et la trésorerie stable et disponible à l’actif du bilan. Un nouvel actionnaire peut trouver peu d’intérêt à l’acquisition d’une entreprise disposant d’une trésorerie pléthorique, son objectif consistant à investir au sein d’un modèle économique spécifique, positionné sur un savoir-faire le cas échéant complémentaire à celui qu’il met déjà en œuvre au sein d’une autre entité juridique.

A contrario, lorsque le contexte économique général se dégrade, lorsque le secteur d’activité au sein duquel la société est positionnée n’offre plus de réelles perspectives de développement et de profitabilité, lorsque la société se trouve confrontée à un positionnement sur un secteur en régression. Lorsque la société se porte commercialement et financièrement plus mal que les entreprises concurrentes au cœur de son marché de référence, la valeur financière qu’elle représente peut risquer de s’amoindrir en conséquence. La « tire-lire » que l’entrepreneur escomptait réaliser par une plus-value substantielle en cas de cession des droits sociaux peut se trouver réduite à une portion congrue. Dans un tel cas, les espérances de gain, de constitution à terme d’une épargne par un investisseur, ne sont plus à l’ordre du jour.

Quand est-il pour les entreprises dites mâtures ?

En revanche, il existe également des sociétés qualifiées de « mâtures » qui ne génèrent certes plus de croissance à deux chiffres, dont la profitabilité demeure faible (ce qui peut être le cas en cas de fixation d’une rémunération particulièrement élevée du dirigeant actionnaires opérationnel) mais qui dispose d’une trésorerie stable fortement excédentaire : de telles sociétés ne procèdent plus à des investissements, ne distribuent pas non plus de dividendes. Il peut alors s’agir de véritables « titre-lires » financières, constitutives d’épargne pour l’entrepreneur.

En cas de dissolution ou de cession de l’entreprise, les interrogations suivantes se trouveront posées, notamment sur le plan fiscal :

  • Préalablement à la cession, est-il opportun d’augmenter le niveau de rémunération de l’entrepreneur ?
  • Doit-on procéder au versement d’un superdividende ?

Même si les fonds dont dispose l’entreprise sous la forme d’une trésorerie stable et disponible, sous la forme de placement en valeurs mobilières, sous la forme de dépôts à terme, il n’en demeure pas moins que la détention d’une épargne conséquente ne correspond pas à l’objet social de l’entreprise. La vocation première de la société consiste en effet en la réalisation de son objet social et le dessein de l’entrepreneur passe par la création de richesses, par l’employabilité, par le développement des affaires en relations avec les partenaires, les clients, les fournisseurs, les banquiers, les investisseurs.

 

En conclusion, la trésorerie dont dispose l’entreprise ne constitue pas nécessairement la « tire-lire » de l’entrepreneur avisé qui doit anticiper des charges exceptionnelles le cas échéant, de devoir faire face à un retournement de la conjoncture ou à une situation économique sectorielle, générale dégradée, à des investissements à réaliser (outil de production, recrutement de collaborateurs, sociétés à acquérir ou à créer notamment).

Quant à la valeur de l’entreprise et plus précisément de son prix tel qu’il résulterait d’une cession à terme, notamment lors d’un départ en retraite en cas d’absence de reprise par un membre de la famille, ou dans le cas d’une reprise par un investisseur, la « tire-lire » ainsi représentée doit prendre en compte les aspects fiscaux liée à la plus-value, à la durée de détention, au départ à la retraite.